Le Salon du Livre Africain de Paris a été marqué par une vive controverse après les critiques acerbes de l’écrivaine Calixthe Beyala sur le stand du Cameroun, qu’elle décrit comme « presque vide ». En réponse, le directeur du livre et de la lecture du Cameroun évoque un simple problème de timing. Entre accusations, justifications et interrogations sur la gestion de la chaîne du livre, la polémique enflamme les débats.
Lorsqu’une figure de la littérature africaine comme Calixthe Beyala prend la parole, ses mots ne passent jamais inaperçus. Invitée au Salon du Livre Africain de Paris, l’écrivaine a exprimé son indignation après sa visite au stand dédié au Cameroun, pays mis à l’honneur lors de l’événement. Dans une déclaration sans concession, elle dénonce une absence criante de représentativité et une organisation défaillante :
« Quelle ne fut ma surprise de découvrir un grand stand presque vide, orné de quelques maigres livres pour enfants, puis c’est tout ! Pendant ce temps, les auteurs camerounais signaient leurs livres dans d’autres cercles que dans l’exposition de leur pays ! Quand on ne sait pas faire, on passe la main, sans honte ! »
Une critique cinglante qui a immédiatement suscité des réactions au sein du monde littéraire et au-delà.
Une simple question de timing ?
Face à ces accusations, le directeur du livre et de la lecture du Cameroun a tenu à répondre, expliquant que l’impression laissée par Beyala pourrait être faussée par le moment où elle a visité le stand. Selon lui, elle serait arrivée le dernier jour du salon, peu avant la clôture, un moment où les stocks de livres pouvaient être épuisés et où certaines dispositions avaient pu être prises pour la suite de la distribution des ouvrages.
Il insiste également sur un point important : les photos prises plus tôt dans l’événement montrent bel et bien une présence significative de visiteurs et d’ouvrages sur le stand camerounais.
Au-delà de la polémique, cette affaire soulève une question cruciale : l’organisation du Cameroun lors des grands événements littéraires internationaux est-elle à la hauteur des attentes ?
Si l’on suit la logique avancée par Calixthe Beyala, ce n’est pas seulement l’épuisement des stocks qui pose problème, mais bien une gestion déficiente de la visibilité des auteurs camerounais. Pourquoi étaient-ils contraints de signer ailleurs ? Pourquoi l’image du Cameroun, pays mis à l’honneur, semblait-elle si effacée aux yeux de certains ?
D’un autre côté, la réponse des autorités suggère que l’auteure aurait pu tirer des conclusions hâtives en se basant sur une situation momentanée, alors que le stand aurait connu une activité normale les jours précédents.
Mauvaise organisation ou responsabilités partagées
La polémique met en lumière une problématique plus large : la gestion du livre et de la culture au Cameroun. Manque d’anticipation, faiblesse des infrastructures, désintérêt des institutions ou simple incompréhension entre les acteurs du secteur ? Les avis divergent.
Pour o-livre.com, cette controverse est l’occasion d’un bilan critique sur la mise en valeur des cultures et littératures africaines. Dans un contexte où l’image et la communication jouent un rôle déterminant, il apparaît essentiel de clarifier les responsabilités et d’améliorer la coordination entre les différents intervenants afin d’éviter que des malentendus ne viennent ternir l’image d’un pays engagé dans la promotion de son patrimoine littéraire.
Au final, que cette polémique soit un simple coup médiatique ou le reflet d’un problème réel, elle pose des questions essentielles sur la visibilité, la structuration et la promotion du livre camerounais sur la scène internationale. Il appartient désormais aux acteurs du secteur de tirer les leçons nécessaires pour éviter que ce type de débat ne se reproduise à l’avenir.
Crédit Image: Direction du livre et de la lecture
MEYO Aristide