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Livre : Haro sur les violeurs

La romancière camerounaise Francine Ngo Iboum commet il y’a quelques années un livre qui vient déchirer le silence des personnes violées.

« Bouche cousue n’a point de vie » est un roman triste, mais qui dit beaucoup. Surtout quand il s’agit d’un sujet social d’une grande gravité : les agressions sexuelles. Un sujet souvent tabou que cette fiction aborde comme un bistouri crève un abcès.  

On le sait, après une agression sexuelle, les victimes ont souvent beaucoup de difficulté pour parler ou trouver une personne à qui elles peuvent raconter le drame. Elles avouent même souvent après coup qu’elles beaucoup de difficulté à trouver une personne qui peut les écouter sans poser de jugements. Conséquence, de nombreuses victimes se renferment ou se replient sur elles. Et elles essaient malgré tout de vivre avec ce choc émotionnel.

D’autres victimes par contre perdent le goût à la vie et tentent des suicides pour éviter les critiques et les jugements de la société. Arrive enfin le groupe des victimes, qui regardent la vie en face. Plus fortes, plus vaillantes et plus courageuses prennent sur elles de dénoncer les criminels. Elles deviennent alors la voix des sans voix. C’est le cas de la jeune romancière Francine Ngo Iboum, épouse Rochelet.

Ce roman qu’elle vient de commettre chez l’éditeur camerounais Livre ouvert est un joli patchwork social, qui montre le problème d’agression sexuelle dans tous ses contours. Un vrai roman de vie. Un recueil d’histoires, des histoires réelles d’agression sexuelle vécue au Cameroun. Et qui ont fait la Une dans certains médias locaux, bien qu’elles se soient évanouies dans la conscience collective camerounaise.

Une situation frustrante qui va pousser l’auteure à prendre la plume. Surtout que l’écriture de ce livre est une thérapie pour Francine Ngo Iboum, qui, elle aussi, a été victime d’abus sexuels. C’est donc en connaissance de cause qu’elle lance un grand cri d’alerte à la société pour que le silence autour des viols ne soit plus la règle au Cameroun. Pour Francine, il faut que le gouvernement se réveille de son sommeil et prenne à bras-le-corps ce problème.

L’ouvrage, qui n’est pas une histoire linéaire, mais un entremêlement d’histoires de viol brocarde les victimes et tance les agresseurs. Francine Rochelet veut aider les uns et les autres de se libérer des regards et des jugements de la société.

Née le 24 mars 1989 à Songloulou, Henriette Francine Ngo Iboum fait ses études primaires et secondaires à Edéa puis poursuit ses études universitaires à l’École supérieur de gestion de Douala où elle obtient un Bts en commerce international. Plus que le commerce, sa passion pour l’écriture prend le dessus. Elle a ainsi remporté plusieurs prix littéraires nationaux et internationaux. Elle se découvre aussi la passion pour les mouvements associatifs. Elle fonde l’association Savas en 2012 pour venir en aide aux victimes d’abus sexuels.

Aristide AYOLO

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