Promotion de la littérature d’Afrique francophone.

Cameroun: vers une professionnalisation du métier de libraire

L’ADCF Africa (Agnès Debiage Consulting Formation) a récemment été mandaté par l’Institut français du Cameroun pour former et accompagner des libraires à Yaoundé et à Douala. Cette initiative parmi tant d’autres, vise à redonner au métier de libraire ses lettres de noblesse.

Être libraire : « c’est être vendeur de livre » ; « c’est exercer une simple activité de commerce ». Tels sont les préjugés communément entendus concernant le métier de libraire. Il est considéré par bon nombre de personnes en Afrique comme une simple activité, à laquelle on accède librement, sans diplôme spécifique pour peu qu’on ait l’opportunité et les moyens pour créer sa propre librairie. Malheureusement, ces avis ne sont pas sans fondement. En effet, de nombreux libraires vous diront, au Maroc comme au Mali, au Liban comme au Togo ou au Cameroun qu’ils ont appris le métier sur le tas. Ils se sont « autoformés ». Il se pose donc la question de l’existence d’une formation spécifique au métier de libraire.

En Europe, il existe des organismes pour se former au métier de libraire. C’est le cas de l’INFL (Institut National de Formation de la Librairie) en France par exemple ou encore la célèbre école des libraires de Francfort dont le diplôme est souvent exigé pour postuler dans une librairie allemande.

En Afrique, l’organisme le plus cité en matière de formation de libraire est le CAFED (Centre Africain de Formation à l’Édition et à la Diffusion). C’est un programme de l’OIF basé à Tunis. Cependant, il englobe tous les métiers de l’édition et ne peut véritablement être considéré comme spécifique au métier de libraire.

Depuis quelques années déjà, on observe la mise en place de structures œuvrant pour la professionnalisation du métier de libraire trop longtemps délaissé. C’est le cas de l’ADCF Africa (Agnès Debiage Consulting Formation) mise en place par Agnès Debiage. Auteure, éditrice puis libraire, elle a co-fondé l’Association internationale des libraires francophones (AILF) en 2002. Pendant 20 ans, eu sein de l’AILF, elle a accompagné des professionnels du livre en Afrique et dans le monde arabe. L’ADCF est une structure réactive, créative, qui travaille à former, accompagner, dynamiser, favoriser le développement d’entreprises, d’associations et de projets de la culture et du secteur du livre.

Dans la formation proposée aux libraires francophones en Afrique par l’ADCF, l’accent est mis sur l’accueil des clients, le développement et l’animation des rayons, l’organisation de la librairie, la mise en place d’un programme d’animation et la formation des équipes (la formation initiale au métier de libraire). On constate donc une volonté certaine de redynamiser ce secteur du livre mais également de le rendre plus professionnel.

Les thématiques de formation sont :

  • Développer sa communication sur les réseaux sociaux ;
  • Mieux vendre ses ouvrages dans son pays ;
  • Assurer la promotion de son catalogue pour favoriser des commandes ;
  • Promouvoir ses auteurs auprès du public et des libraires ;
  • Engager son équipe et renforcer sa posture de manager ;
  • Mieux s’organiser en déléguant ;
  • Définir une stratégie de communication cohérente sur les réseaux sociaux ;
  • Exporter ses livres vers d’autres marchés.

Notons que récemment, dans le cadre de la Semaine de la littérature africaine (mars 2024), l’Institut Français du Cameroun a missionné l’ADCF pour former et accompagner des libraires à Yaoundé et à Douala. Ce fut une expérience enrichissante pour ces libraires jamais formés aux techniques de la librairie mais qui pratiquent ce métier au quotidien.

Mettre l’accent sur la création d’autres structures ou organismes œuvrant à la formation du métier de libraire sera un grand pas vers une meilleure valorisation de ces acteurs de la chaine du livre. Celle-ci passe bien entendu par un effort de formation fourni par les libraires eux-mêmes. Cet effort passe par une professionnalisation de l’ensemble de la chaine du livre. Éditeurs, diffuseurs, bibliothécaires, tous peuvent ainsi contribuer par leur professionnalisme à faire du libraire en Afrique francophone ou au Proche Orient un interlocuteur incontournable parce professionnel.

Crédit image: Agnès DEBIAGE

Rachidetou NDAM NJOYA

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Telegram