Découvrez l’interview de Diane-Annie Tjomb, la talentueuse autrice du roman « Tuba B », lauréate du prestigieux prix Francis Bebey. Plongez dans l’univers captivant de cette écrivaine qui puise sa force dans les mots, révélant les secrets de son inspiration et les défis surmontés sur le chemin de la réussite littéraire.
Bonjour Diane, merci beaucoup d’avoir accepté cet interview à l’occasion de la sortie de votre deuxième roman, intitulé Tuba B celle qui possède la force, qui a déjà remporté le prestigieux prix Francis Bebey. Vous êtes née à Bengbis, dans le sud du Cameroun, tout comme le personnage principal de votre livre, Minga.
Pouvez-vous nous parler de Minga ?
Minga est une adolescente de quinze ans, rescapée du mariage forcé, qui nourrit l’ambition de devenir ingénieur en génie civil. Elle se jette en toute innocence dans les bras de l’incertitude, pour se rendre au rendez-vous de son destin.
Son histoire est-elle le fruit de votre imagination ou est-ce basé sur des expériences personnelles profondément enfouies ?
L’histoire de Minga est l’histoire de nombreuses filles d’ici et d’ailleurs, qui sont contraintes de mettre fin à leur rêve ou à leurs ambitions personnelles, pour satisfaire les intérêts égoïstes des autres. C’est une histoire réelle, sortie de la fiction.
Dans votre œuvre, l’héroïne Minga est contrainte au mariage précoce par son père, Bimbia. Pensez-vous que ce type d’union serait moins courant dans une société matriarcale ?
Je pense que dans une société matriarcale, ce type d’union ne serait pas moins courant, mais les motivations et les démarches seraient différentes.
Si nous révisons le code civil, pensez-vous qu’il serait possible qu’une enfant se marie à la maturité corporelle ou intellectuelle ?
Ce serait un drame de laisser une enfant se marier, qu’elle soit mature physiquement ou intellectuellement. Le mariage n’est pas une question d’intelligence. Il faut une maturité morale, qui s’acquiert avec du temps, en passant parfois par des expériences.
Dans votre œuvre, Minga fuit son foyer conjugal et trouve refuge à Douala, sur la côte camerounaise, où elle travaille comme femme de ménage et poursuit ses études grâce à la générosité de personnes rencontrées par hasard. Craignez-vous d’être accusée d’encourager la fugue des enfants ?
Je n’encourage pas la fugue des enfants. Je pense que tout enfant maltraité ou incompris en est exposé. La fugue est la conséquence d’une action, et ce sont ceux qui posent cette action qui sont les instigateurs.
Comment pouvons-nous mettre fin aux mariages précoces, à la maternité précoce et à la déscolarisation des jeunes filles ?
En éduquant la jeune fille, en sensibilisant la société et en promouvant la scolarisation de la jeune fille, nous sommes sûrs de réduire le taux des mariages précoces, des maternités précoces et de la déscolarisation
Vous écrivez depuis vos années de lycée à Bonaberi, où cela était une expression de vos états d’âme et de votre épanouissement. Est-ce que cela a changé aujourd’hui ?
Comme à l’époque où je m’écrivais, j’écris toujours pour parler des sujets qui interpellent mon humanité, sans courir le risque d’être interrompue.
Tuba B a reçu le prix Francis Bebey. Quel est votre sentiment après cette récompense ?
Avec ce prix, j’ai la certitude d’avoir été pertinente. Gagner un prix vous confère une certaine crédibilité.
Quels sont vos projets d’avenir dans le domaine de la litterature ?
Je souhaiterais dans les prochains mois, mettre sur ma scène littéraire, mon recueil de
poèmes, qui renferme les sujets de tous mes combats.
Quel est votre rapport avec la poésie ?
La poésie me libère. Lorsque j’écris un texte poétique, je me sens vivre, je me sens libre, je me sens ivre.
Quel poète vous a le plus inspiré ?
Au Cameroun, le père Engelbert Mveng.
Quel message souhaitez-vous transmettre à la jeunesse africaine ?
À la jeunesse africaine, je dirai d’être audacieuse, rigoureuse et persévérante. Rien de durable et de consistant ne s’obtient sans préparation et sans sacrifices.
Ô livre vous remercie et vous souhaite bon vent pour la suite.
Merci Ô Livre pour cette tribune.
propos recueillis par Diagayete Bah
Crédit photo: Glau Studio