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Dans l’univers de Paul Monthe

Paul Monthe

Bienvenue à tous pour cette entrevue exclusive avec le brillant dessinateur et illustrateur Paul Monthe. Avec ses créations à la fois captivantes et envoûtantes, Paul a réussi à conquérir le cœur des lecteurs et des amateurs d’art du monde entier.

Avant de plonger dans les coulisses de son œuvre, nous voulons remercier Paul Monthe d’avoir accepté de partager avec nous ses inspirations, ses pensées et son précieux temps. Nous sommes impatients de découvrir les secrets qui se cachent derrière ses illustrations fascinantes et de connaître son processus créatif unique.

Que vous soyez un fan inconditionnel de Paul Monthe ou que vous découvriez son travail pour la première fois, cette entrevue promet d’être une expérience enrichissante et inspirante. Sans plus attendre, plongeons-nous dans l’univers extraordinaire de Paul Monthe et découvrons ce qui se cache derrière son incroyable talent artistique.

O-livre : Bonjour Paul MONTHÉ, pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours en tant qu’illustrateur ?

Paul Monthe : – Bonjour, je m’appelle MONTHE YOUMBI Jean-Paul, dessinateur camerounais. Comment j’y arrive (dans le dessin) ? Un jeune de 08 ans que j’encadrais m’avait dit un jour « Paul (je leur autorise de me tutoyer pour faciliter les échanges), sûr que si on opère ta mère on trouvera plein de dessins dans son ventre ! » Avec du recul aujourd’hui je me demande s’il n’avait pas trouvé la réponse à cette question qui revient si souvent ? Mes parents avaient pour moi le plan classique : brillantes études académiques, bel emploi bien rémunéré… nous y avions tous crus, jusqu’à ce que je dû abandonner les études précocement, faute de moyen pour continuer. Mes journées se résumaient alors à de petits coups de mains à des parents au quartier (j’étais le seul enfant libre aux heures où ceux de mon âge étaient à l’école), à de petits boulots çà et là pour me faire un peu de jetons, afin de m’offrir des bandes dessinées que je redessinais avec un plaisir inégalé.
Tout part réellement (en 2004) de ma rencontre avec Valkeng (Willy Valdès KENGNE) alors étudiant en Art et histoire de l’Art à l’université de YAOUNDE 1, qui me montre les techniques de base du dessin, puis m’invite à venir découvrir le FESCAHRY (festival de la caricature et de l’humour de Yaoundé) en 2008, deux ans plus tôt j’avais proposé mes services comme caricaturiste au journal Ouest-Echos, qui m’avait aussitôt accueilli. S’ensuivirent alors une série de rencontres toutes aussi enrichissantes les unes que les autres, aboutissant pour la plupart à des projets qui m’ont à la fois tous formé et assuré un parcours.

O : Quelles sont vos principales sources d’inspiration pour votre travail artistique ?

Paul Monthe : Mon travail s’inspire de tout ce qui m’entoure en général, mais surtout, s’appuie sur un gros travail de documentation selon le projet sur lequel je dois travailler.

O : Comment abordez-vous la création d’illustrations pour des livres ? Quels sont les éléments clés que vous recherchez pour donner vie aux mots de l’auteur ?

Paul Monthe : Lorsque je dois m’engager dans un nouveau projet d’illustration, il est hyper important que je vide mon esprit de tout ce qu’il avait jusque-là stocké, puis je communique avec l’auteur afin de pouvoir saisir chaque élément sensible pouvant me permettre de plonger dans son univers. Puis le reste se fait grâce à une bonne documentation. Cependant, j’évite d’être trop présent (illustration) car lecteur doit participer !

O : Pouvez-vous nous parler d’un projet d’illustration qui vous a particulièrement marqué et expliquer pourquoi il était spécial pour vous ?

Paul Monthe : – En 2021 j’ai co-illustré un recueil de conte intitulé « L’argent n’a pas d’oreille » édité par Adinkra, même si je mets exactement la même passion dans toutes mes réalisations, ce projet m’a marqué car lors de sa dédicace, la dame qui présentait le livre était super enthousiaste en parlant des illustrations qui collaient aux textes, et s’était longuement attardée sur l’une d’elles, la présentant comme sa préférée. J’étais très content car il s’agissait là d’un domaine dont je n’avais pas vraiment l’habitude, en général je fais de la bande dessinée et du dessin satyrique (dessin de presse).

O : Comment voyez-vous le rôle de l’illustration dans le monde de la littérature ? Quelle est son importance selon vous ?

Paul Monthe : L’illustration joue plusieurs rôles
Elle égaye les sens, elle crée des emplois, mais surtout, elle est une « arme » révolutionnaire ! Les américains s’en sont servis durant la seconde guerre mondiale à travers les comics qui contaient les exploits des super héros costumés (Captain America, Namor, The Human Torch…) massacrant les nazis sur le champ de bataille, afin de maintenir leurs peuples dans la confiance en leur armé, ce qui fut un succès.
Les japonais s’en sont servis à travers le « manga » pour se relever de la guerre puis comme outil de contestation dans les années 60.
Aujourd’hui encore nous sommes en admiration face aux aventures de Tarzan, l’homme de race blanche qui arrive dans la jungle africaine et en devient non seulement le « seigneur », mais surtout il est le seul, avec Jane son épouse de même race, capable de parler le langage des animaux, pourtant il y a trouvé les peuples africains (nul d’entre eux à travers les âges n’avait jamais eu l’intelligence nécessaire pour comprendre et parler « animal » avant l’arrivée du « blanc supérieur »), résultat dans nos répliques quotidiennes : «il fait ses choses comme un blanc »… Dieu et les anges, leurs ailes sont tous blancs, et le noir représente… (j’en ai emprunté à la légende Mohamed Ali).
À mon avis, il est plus que temps que nous nous servions de l’illustration comme l’outil révolutionnaire qu’elle est.

O : Pouvez-vous nous donner quelques conseils pour les jeunes illustrateurs qui aspirent à suivre vos traces ?

Paul Monthe : Conseils aux jeunes voulant se lancer dans le métier d’illustration : Que votre choix ne soit pas motivé par l’argent, vous abandonneriez très vite,
Être patient, aller vers les aînés pour apprendre, privilégier la formation, il existe plusieurs écoles et instituts supérieurs de formation artistique au Cameroun.

O : Y a-t-il des auteurs ou des œuvres littéraires avec lesquels vous rêveriez de collaborer à l’avenir ?

Paul Monthe : Sur le plan national je serais ravi de travailler avec Kidi Bebey, Djali Hamal, Ernis…

O : Quels sont vos projets futurs en tant qu’illustrateur ? Y a-t-il des livres ou des publications à venir sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Paul Monthe : Sur un plan plus personnel, je dessine depuis 3 ans la « Saga de balla », une bande dessinée « webtoon » disponible depuis le début de cette année sur la plate-forme digital « ONO » des éditions Dupuis, sur le plan collectif, je participe activement aux activités de l’ABC (Association des Bédéistes du Cameroun) dont j’ai l’honneur d’être l’un des membres fondateurs.

O : Enfin, comment imaginez-vous l’évolution de l’illustration dans le paysage littéraire africain et Camerounais en particulier ?

Paul Monthe : Etant plus dans la sphère de la bande dessinée qui est de l’illustration d’un autre type, je ne pense pas en savoir suffisamment sur l’évolution de l’illustration en Afrique et au Cameroun, cependant je trouve qu’elle est exactement au niveau où elle devrait être. Mon souhait est qu’elle soit utilisée pour déconstruire les complexes avec lesquels nous avons grandi et qui nous maintiennent prisonniers à ce jour.

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